Si Remco Evenepoel fait bien ses débuts tant attendus au Tour des Flandres 2026, il pourrait se retrouver directement confronté à l’une des éditions les plus éprouvantes de l’histoire de la course.
C’est l’avis de l’analyste Benji Naesen, qui pense que les qualités physiques d’Evenepoel font de lui un sérieux prétendant — mais prévient que les exigences du Flandrien moderne, façonné par la domination de coureurs comme Tadej Pogacar et Mathieu van der Poel, ne laissent aucune marge à l’hésitation.

Interrogé par Het Nieuwsblad, Naesen a cité l’accélération de Pogacar sur Van der Poel dans l’Oude Kwaremont comme preuve du caractère extrêmement sélectif de la course. Le fait que Pogacar puisse décrocher Van der Poel sur l’Oude Kwaremont montre à quel point le Tour des Flandres est dur de nos jours. Ce n’est plus seulement une question d’explosivité.
Si le Ronde s’ouvre tôt, c’est mieux pour Evenepoel, ajoute Naesen. « Le peloton devient plus réduit et le placement avant les monts devient moins important.
Il s’agit d’un retournement de perspective frappant par rapport au scepticisme qui entourait autrefois les ambitions de Pogacar sur les classiques. Comme le rappelle Marc Sergeant dans la même discussion : Quand Pogacar a annoncé qu’il ferait le Ronde pour la première fois, on s’est tous demandé : qu’est-ce qu’il vient faire ici ? Une semaine plus tard, on avait compris.
L’ancien coureur et analyste Dirk De Wolf estime qu’Evenepoel n’est pas seulement capable de briller sur le Tour des Flandres — il devrait en faire une priorité tant qu’il possède encore la fraîcheur et l’explosivité nécessaires pour le gagner.
Le final est d’une brutalité extrême : deux fois l’Oude Kwaremont, deux fois le Paterberg, le Koppenberg. Remco peut gérer ça. Oui, il y a des pavés, mais c’est en montée. Il peut y mettre sa puissance et sa morphologie l’aide.
Pour De Wolf, c’est précisément la raison pour laquelle le Belge ne devrait pas repousser ses débuts trop tard dans sa carrière. Il ne restera pas éternellement âgé de 25 ans. Si la chance de gagner se présente, il doit la saisir. Si tu attends jusqu’à 33 ans, c’est trop tard.
De Wolf a même suggéré une structure de calendrier idéale permettant à Evenepoel de viser à la fois les grandes classiques pavées et les classiques vallonnées sans compromettre ses ambitions estivales : On peut sauter la Flèche Brabançonne et l’Amstel tout en courant Milan–San Remo et le Tour des Flandres. Je le recommande vivement.
Les longues accélérations régulières de l’Oude Kwaremont lui conviennent naturellement, tandis que les monts répétés récompensent les coureurs capables de produire une puissance élevée et constante plutôt que ceux misant sur des sprints explosifs. C’est un terrain où les qualités de coureur de grands tours deviennent de véritables armes — quelque chose que Pogacar a démontré avec éclat ces dernières années.
Ajoutez à cela la deuxième place d’Evenepoel aux récents Championnats du monde disputés sur les pavés, et l’argument est encore plus solide.
Le problème, c’est la faiblesse que Naesen ne cesse de souligner : le placement. Au printemps dernier, Evenepoel s’est régulièrement retrouvé trop loin au pied des monts clés, une tendance que Naesen qualifie de vrai problème et qu’une équipe comme UAE n’hésiterait pas à exploiter sur une ascension comme la Cipressa ou dans les premiers secteurs pavés du Ronde.
Le seul facteur susceptible d’empêcher Evenepoel de viser à la fois Milan–San Remo et le Tour des Flandres est son programme de Grands Tours 2026.
Une combinaison Giro–Tour pourrait évincer ses ambitions sur les classiques, tandis qu’un programme axé uniquement sur le Tour laisserait plus de place pour un printemps complet. Comme l’ont souligné les analystes de Het Nieuwsblad, son transfert chez Red Bull – BORA – hansgrohe rend une participation au Tour de France presque inévitable — et personne n’imagine l’équipe prendre le moindre risque avec sa préparation.













