Lorsqu’on évalue les saisons de Tadej Pogačar, la tentation est toujours de commencer par les victoires ses quatre Tours de France, ses Monuments, ses maillots arc-en-ciel. Mais ce qui définit réellement sa grandeur ne se résume pas aux trophées : c’est la constance, le style et la domination pure qu’il exerce sur tous les terrains et durant toute l’année. En jugeant selon l’impact, la résilience, la polyvalence et l’influence plutôt que les succès seuls voici comment se classent ses plus grandes saisons.

1. 2025 – Le chef-d’œuvre du contrôle
Même sans parler des victoires, 2025 reste l’année où Pogačar est devenu intouchable. Au-delà de son impressionnante moisson de Grands Tours et de Monuments, ce qui a marqué cette saison fut la maîtrise totale de chaque course. Ses données de puissance sont restées exceptionnelles de février à octobre, et il n’a jamais flanché ni physiquement, ni mentalement. Les analystes ont souligné son sens tactique parfait : positionnement irréprochable, travail d’équipe exemplaire, et une capacité à neutraliser Vingegaard ou Evenepoel sans se mettre dans le rouge. Son attitude hors du vélo calme, généreuse, sereine a renforcé son aura de leader. Cette saison ne fut pas seulement dominante : elle fut mûre, la preuve qu’il pouvait régner sur le cyclisme tout en évoluant au-delà de la pure agressivité.
2. 2021 – L’artiste se révèle
Si 2020 l’a fait connaître, 2021 a défini son personnage. Pogačar a conquis les cœurs cette année-là non par le nombre de victoires, mais par la manière de les obtenir. Il courait avec joie, attaquant quand la logique disait d’attendre, souriant sous la pluie et dans le chaos. Sa défense du Tour de France fut quasi parfaite, mais c’est son esprit sportif applaudir ses rivaux, plaisanter dans les échappées qui l’a transformé de prodige en phénomène. Les chiffres révélaient encore plus : aucun mauvais jour. Sa constance en contre-la-montre, sur les pavés et en haute montagne en a fait le coureur le plus complet depuis Hinault. 2021 fut l’année où le cyclisme comprit que Pogačar ne se contentait pas de gagner : il réinventait la manière de le faire.
3. 2023 – L’année de l’humanité
La campagne 2023 ne fut pas parfaite et c’est ce qui la rend si forte. Une fracture du poignet avant le Tour, une défaillance sur la Loze… mais il n’a jamais cessé de se battre, ni de sourire. Son printemps fut exceptionnel, couronné par un triomphe solitaire à Flandres, mais ce qui l’a défini fut sa résilience. Dans un sport où tout se mesure en forme et en fatigue, Pogačar a montré une profondeur émotionnelle rare. Ses interviews, son humilité et sa franchise sur la douleur ont touché les fans. Ce fut la saison du caractère avant la conquête, et peu de champions ont porté la défaite avec autant de grâce.
4. 2020 – La naissance d’une légende
L’année où tout a commencé. L’ascension fulgurante de Pogačar, d’outsider à vainqueur du Tour pendant la pandémie, fut un conte de fées du cyclisme. Mais même sans ce succès, 2020 brillait déjà : sa ténacité à Tirreno, son audace face aux vétérans, sa capacité à performer dans le chaos. Ce n’était pas sa saison la plus aboutie statistiquement, mais c’est celle qui a révélé son essence : le courage sans calcul.
5. 2024 – Le coureur complet
En 2024, Pogačar est devenu le coureur des coureurs. Ses résultats sur tous les fronts Monuments, Mondiaux, courses par étapes ont montré un perfectionniste en harmonie avec son équipe et son corps. Au-delà des victoires, c’est son équilibre qui a impressionné : il a su gérer la fatigue, soutenir ses coéquipiers et penser à long terme. Ce fut l’année de la perfection raffinée plutôt que de la domination brute.