La scène professionnelle est certainement animée après une dernière vague de nouvelles au début du mois de novembre. Même les photos de vacances et les petites déclarations de fin de saison se font rares à mesure que nous approchons des images de sapins de Noël sans vie, posés dans les salons des appartements d’Andorre et de Monaco le mois prochain.
Avec cela en tête, changeons un peu les choses et jetons un regard rétrospectif et imaginaire sur 2025.

Qu’entends-je par là ? Eh bien, nous allons voir à quoi aurait ressemblé la saison 2025 si Tadej Pogačar avait été, disons… enlevé par des extraterrestres et retiré du peloton professionnel. Plus précisément, qui auraient été les principaux bénéficiaires d’un monde sans Pogi.
Pour commencer, et de manière assez surprenante, cela n’aurait pas énormément affecté la domination d’UAE Team Emirates sur le calendrier 2025. Certes, l’équipe n’aurait pas dépassé le record historique des 85 victoires d’HTC-Columbia en 2009, mais elle aurait tout de même largement occupé la première place du classement UCI, même sans l’énorme total de 11 680 points de Pogačar. En fait, elle serait encore 7 000 points devant Visma-Lease a Bike, deuxième.
Cela aurait cependant transformé la saison de Jonas Vingegaard, qui se serait imposé comme la grande star de l’année. Le Danois aurait réalisé un triplé à la Chris Froome en remportant le Critérium du Dauphiné, le Tour de France et la Vuelta a España.
En plus de ces grands succès au classement général, le leader de Visma aurait décroché cinq victoires d’étapes supplémentaires au Tour et au Dauphiné. Son année aurait également inclus un passage de neuf jours en jaune, ainsi qu’un autre maillot à pois à ajouter à sa garde-robe fraîchement rénovée dans le nord du Danemark. Avec ce qui aurait été son quatrième succès sur le Tour dans un univers sans Pogačar, l’ancien fileteur de poisson aurait été bien en route pour rejoindre le cercle très fermé des légendes aux cinq titres.
En parlant du Tour de France, Oscar Onley serait monté sur le podium final à Paris à la troisième place, tandis que Mathieu van der Poel aurait ajouté une victoire d’étape sur l’arrivée en côte de Rouen lors de la 4e étape. On chercherait longtemps une meilleure première semaine.
Sans Pogačar, Van der Poel aurait également décroché un quatrième Tour des Flandres, devenant ainsi le coureur le plus titré de l’histoire de l’épreuve. Paris-Roubaix aurait aussi été plus terne sans la présence du champion du monde, Van der Poel s’envolant vers une victoire fracassante avec deux minutes et demie d’avance sur Mads Pedersen, rejoint sur le podium par Wout van Aert (qui aurait également été promu à la troisième place sur les Flandres).
La seconde partie de la saison de Remco Evenepoel aurait été très différente. Au lieu d’apparaître comme l’éternel second du Slovène, il aurait décroché un doublé historique Championnat du monde – Championnat d’Europe à l’automne. Le tout aurait été couronné par un Monument : Il Lombardia, lui offrant le même triplé automnal que Pogačar a réellement réussi.
Le Belge aurait également porté le maillot jaune pendant quatre jours lors de la première semaine du Tour, mais l’absence du Slovène n’aurait probablement eu aucun impact sur son abandon tumultueux dans les Pyrénées en deuxième semaine – même si cela aurait sans doute rendu le spectacle plus intense pour nous.
Les seuls véritables consolés auraient été les outsiders des Classiques. Sans Pogačar, Liège-Bastogne-Liège aurait probablement été remportée par Giulio Ciccone ou Ben Healy. Et puisque Simone Velasco d’Astana a terminé quatrième sur La Doyenne, on peut supposer qu’il serait monté sur la troisième marche du podium.
Tom Pidcock aurait lui aussi eu de quoi sourire. Il aurait remporté un deuxième Strade Bianche, évitant ainsi l’humiliation d’être lâché par un Pogačar ensanglanté et déchaîné par un après-midi de mars en Italie. Cela aurait été une manière idéale pour Pidcock d’annoncer son arrivée dans sa nouvelle et clinquante équipe Q36.5.
Une chose apparaît clairement dans cet exercice de réécriture : même dans un monde sans Pogačar, nous chercherions encore désespérément de nouveaux noms. Vingegaard aurait pris la place de dominateur des Grands Tours, Van der Poel aurait paru intouchable dans les courses d’un jour, et Evenepoel aurait continué d’allumer la flamme dans le cœur des fans belges.
En réalité, sans le Slovène, nous regarderions toujours les mêmes visages, ce qui suggère que le haut niveau du cyclisme professionnel n’est pas tant un one-man-show qu’un quatuor de superstars qui laissent peu d’espace à l’émergence d’autres talents.
Peut-être que la morale de l’histoire est que le Slovène est loin d’être le seul « coupable » de la prévisibilité du sport au plus haut niveau. Il est simplement meilleur que les meilleurs.














