Tadej Pogačar a déjà réécrit le livre d’or du cyclisme moderne. Désormais, les Émirats arabes unis ont figé dans le temps l’un de ses gestes les plus emblématiques — en dévoilant une statue dorée qui place la force dominante du cyclisme au cœur de la nation qui l’a adopté comme symbole sportif.

Plutôt que de représenter un sprint, une attaque en montagne ou une démonstration de puissance brute, la sculpture saisit quelque chose de plus discret, mais d’immédiatement reconnaissable : Pogačar effectuant une profonde révérence pour célébrer sa victoire. C’est un geste que les fans associent désormais au Slovène à l’apogée de sa suprématie — immortalisé pour la première fois lors du Tour de France 2023, lorsqu’il avait dominé Jonas Vingegaard sur les routes montagneuses des Pyrénées.
Beaucoup de monuments sportifs célèbrent la force et la fureur. Celui-ci rend hommage à autre chose : la confiance alliée à la grâce. La révérence a toujours été le langage de la victoire de Pogačar un salut aux fans, aux rivaux et à ses coéquipiers et elle se dresse aujourd’hui aux Émirats arabes unis comme un emblème permanent de l’ère qu’il a façonnée.
Elle symbolise également l’importance de son partenariat avec UAE Team Emirates – XRG. Depuis la création du projet, Pogačar est devenu bien plus que le talisman de l’équipe : il est devenu une véritable référence sportive nationale. Les académies de cyclisme, les randonnées communautaires et les foules massées sur les routes du Tour des Émirats trouvent toutes leur origine dans le succès porté par le coureur de 27 ans.
La saison 2025 de Pogačar fut une campagne d’empire plutôt que de découverte. Il a conquis son quatrième Tour de France** (après ses victoires en 2020, 2021 et 2024), est devenu Champion du monde sur route pour la deuxième année consécutive, a ajouté le titre européen et remporté trois Monuments exceptionnels — le Tour des Flandres, Liège-Bastogne-Liège et un cinquième Tour de Lombardie consécutif. record historique. Une année qui a confirmé non seulement sa suprématie, mais aussi sa continuité : un champion pour toutes les conditions, sur tous les terrains, défendant chaque frontière à la fois.
Le cyclisme n’a honoré que peu d’athlètes sous forme monumentale, et chacun de ces hommages possède sa propre légende : les jambes sculptées de Tom Boonen dominant les pavés du Taaienberg, le géant Octave Lapize au sommet du Tourmalet, Nairo Quintana figé en pleine action à Boyacá, ou encore Sir Bradley Wiggins immortalisé en bronze à Londres après ses triomphes olympiques.
Désormais, Pogačar rejoint ce cercle restreint de coureurs honorés dans la pierre ou le métal — son hommage se dressant non pas en Europe, mais dans le Golfe, marquant autant le déplacement du centre de gravité du cyclisme mondial que sa propre grandeur personnelle.
Le moment choisi pour l’installation n’est pas un hasard. Alors que la saison 2025 vient de s’achever et que ses rivaux affûtent leurs plans pour 2026, la statue apparaît autant comme une célébration que comme un défi. Un signal clair : le niveau est fixé — et il est très haut.
Le salut de Pogačar avait commencé comme un simple geste d’après-course. En or, il devient tout autre chose : un rappel que la domination n’a pas besoin de rugir pour se faire entendre, et que les gestes les plus décisifs du sport peuvent être suivis d’une humble tranquillité.
Ses rivaux étudieront les puissances, les stages en altitude et les calendriers de course. Les Émirats, eux, ont choisi une autre forme de déclaration : **le champion n’a pas fini d’écrire l’histoire — ils sont en train de la bâtir autour de lui.














